Gap -  Hautes-Alpes

Par les routes

Sylvain Prudhomme

Gallimard, 2019

 

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Par les routes – Sylvain Prudhomme – Gallimard, 2019 – Collection l’Arbalète


Sacha, le narrateur,écrivain,  parvient à V., petite ville du sud de la France où il s’installe pour écrire son prochain roman . Là il est très surpris de rencontrer celui qu’il va appeler l’autostoppeur, qu’il a connu il y a vingt ans, avec qui il a parcouru le monde, qui était son grand ami et avec qui il a rompu sans que l’on sache pourquoi. Il lui avait demandé « de sortir de [s]a vie », parce que cet ami était comme « le pot de fer qui ne veut pas de mal au pot de terre, qui lui veut même sincèrement du bien, et qui pourtant, d’un faux mouvement, le réduit en miettes ». L’autostoppeur vit désormais avec Marie et Agustin, leur fils, et à l’inverse de Sacha, il continue à partir sur les routes en stop. Il disparait pendant des jours pour aller à la rencontre des personnes qui veulent bien l’accepter dans leur voiture, avec qui il crée des liens :
Et tu vas où, j'ai demandé. Quand tu pars, c'est pour aller où.
Il a eu l'air d'hésiter.

En général je fais l'aller-retour à Paris. Ou à Lille. A Brest. A Besançon. J'essaie de varier.
Mais tu as des choses à faire là-bas chaque fois.
Pas forcément, il a dit en haussant les épaules. Parfois oui, parfois non. Je prends l'autoroute et je vais d'aire en aire. Je dis la vérité aux automobilistes : qu'en réalité je me fiche un peu d'arriver où que ce soit. Que peu m'importe Paris, ou Lille, ou Brest. Que je fais ça : pour le plaisir.....

.....je leur dis la vérité. Que je suis surtout venu les voir eux....J'essaie de les rassurer. Je leur dis que je les trouve admirables de m'avoir pris. Que pour moi c'est le critère suprême de l'hospitalité : être capable d'ouvrir sa portière au parfait inconnu ...

Ils se retrouvent donc mais chacun a suivi sa voie : à l’un la vie sédentaire avec l’écriture au centre de sa vie . Les mondes qu’il a jadis arpentés avec son ami il les retrouve maintenant dans l’écriture et dans les livres.
A l’autre l’appel de la route,  du départ   même s’il doit abandonner femme et enfant.
« Vis, me disait toujours l’autostoppeur. Vis et après tu écriras. Ne laisse pas passer cette belle journée de soleil, chaque fois qu’il me voyait devant mon ordinateur. Ou si par gentillesse il ne le disait pas je comprenais qu’il le pensait. Et ses actes aussi me le disaient. La baignade qu’il allait faire et pas moi. La promenade dont il revenait et pas moi. Les inconnus qu’il rencontrait au bar et pas moi. »

L’autostoppeur n’est vu qu’à travers Marie et Agustin. On ne sait pas ce qu’il fait entre partir et revenir. Il est le héros du livre mais un héros absent. Il part sans but précis, pour le plaisir, le plaisir d’abord de rencontrer des gens, ceux qui le prennent dans leur voiture. Il tisse des liens avec eux, il les photographie.

 Le thème de l’hospitalité, le thème de la vie qui passe, du temps qui s’en va, de la vie, de la mort ce sont les thèmes qu’on retrouve dans « Par les routes » . C’est le temps qui passe, c’est l’éternel recommencement de la vie et de la mort, de « l’impermanence des choses en ce bas monde ». Et d’ailleurs le livre est fait d’une succession de moments, le temps du souvenir, l’amitié antérieure de Sacha et de l’autostoppeur,  le présent avec les départs et retours de l’autostoppeur, et le futur que tentent de construire les personnages.
Le temps s’étire mais Sylvain le retient en décrivant avec beaucoup de détails aussi bien les lieux que les activités quotidiennes les plus simples pour restituer chaque instant qui passe. Sylvain nous explique d’ailleurs le point de départ de son livre.
A rebours de Flaubert, j'avais décidé de retenir le temps. De freiner autant que possible son passage en opérant le contraire d'une ellipse - un ralentissement par saturation, dilatation, restitution de chaque instant dans ses ramifications, son buissonnement inépuisable de détails, d'images, de sensations, de réminiscences, d'associations.
Je me suis demandé pourquoi l'autre soir je n'avais pas dit que ma vieille dame n'allait pas successivement à Cotonou, à Bénarès, à Bogota, mais dans tous ces endroits à la fois, fondus dans le même absolu présent.

(Présentation : Anne-Marie Smith)