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Outre la sélection Livres nomades 2020-21 "A la découverte des petites maisons d'édition",

nous avons aussi aimé d'autres romans et récits

que nous avons découverts au cours de nos lectures sur ce thème.

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Groupe Tiziana Champey

« Faux départ » de Marion Messsina - Le dilettante,2017 ( paru en poche éditions J’ai lu 2018 )

Il s’agit d’un premier roman dont l’action se passe en partie à Grenoble ( l’auteure Marion Messina a grandi dans l’agglomération grenobloise ) et en partie à Paris lorsque la jeune héroïne d’origine « modeste », comme on dit, veut « vivre sa vie » et s’émanciper de sa famille en trouvant un job alimentaire.

Aurélie est désorientée. Elle a pourtant tout fait comme il fallait : son adolescence s’est passée sans heurts, elle a été une bonne élève et a décroché son bac avec mention. Elle a joué le jeu et pourtant … lorsqu’elle s’inscrit à l’université, elle perd pied. Peut-être est-ce dû au manque de motivation, aux difficiles conditions d’enseignement à l’université, à la conscience de ne pas avoir tous les codes pour réussir, peut-être aussi à une première déception amoureuse …

Il y a une certaine lucidité dans le regard désabusé d’Aurélie sur ses contemporains et dans son analyse des rapports sociaux. Il s’ agit, oui, d’une chronique sociale dure, au ton acerbe. Une chronique exempte de misérabilisme, mais radicale et sans complaisance, un récit qui démonte la fable de « l’égalité des chances » avec en toile de fond cette fameuse « panne de l’ascenseur social ».

C’est donc plutôt triste, assez noir … avec néanmoins un certain humour et de la fraicheur car on a le point de vue de la jeune héroïne, 20 ans, qui découvre la vie.

C’est par ailleurs l’histoire d’un amour où l’on voit comme c’est difficile aujourd’hui, paradoxalement, les rapports entre les sexes !

Une histoire d’une certaine jeunesse contemporaine, génération déclassée, et, au delà, de toute une partie de la population française, avec l’émergence de cette catégorie que l’on a appelée les travailleurs pauvres dont font partie nombre de jeunes diplomés. Paupérisation des classes moyennes et difficulté d’accés à l’emploi pour les jeunes : sujet actuel , s’il en est…

Le récit pose aussi en filigrane la question de l’écologie : comment peut-on vivre à Paris dans certaines conditions avec les contraintes liées au travail, au logement au transport … , comment peut-on vivre une vie ainsi dénaturée, semble se demander Aurélie.

Le rythme frénétique, le style alerte avec un recours fréquent aux énumérations, le ton parfois mélancolique, font de ce roman décapant et très bien écrit une parfaite dénonciation des maux contemporains : société du paraître et de la consommation et conformisme généralisé. « Faux départ » démasque les faux -semblants.

Histoire d’illusions perdues, roman d’apprentissage… un roman en cela assez classique qui nous parle d’une jeune vie d’ici et maintenant qui mérite qu’on entende l’écho de sa voix.

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Groupe Simone Delorme

"L’ile invisible" de Francisco Suniaga – Editions Asphalte, 2013

Une petite île des Caraïbes, rattachée au Vénézuela...Dualité des faces, décor de rêve d’un côté, corruption et violence de l’autre. Un Allemand, Wolfgang Kreutzer, a suivi Renata sa ravissante épouse qui avait eu le coup de foudre pour le sable chaud, les palmiers et la douceur de vivre. Pendant qu’elle s’épanouit dans son petit paradis, lui va sombrer dans le doute, la dépression, connaître plusieurs formes d’addictions, l’alcool et sa passion pour les combats de coqs. Il n’a pas le recul nécessaire pour résister à la violence de ce milieu.

Ce livre a plusieurs facettes, l’enquête, les relations, mère-fils, couple, sociales, culturelles, l’incapacité d’adaptation de certains exilés même volontaires, la face cachée d’un lieu qui semble paradisiaque, la dimension psychologique des personnages, l’aspect politique, la nostalgie d’une époque, les dérives d’un système, l’addiction. On ressent les émotions, la chaleur moite, la sensualité, on découvre la cruauté derrière la nonchalance, les vices derrière les sourires. Une réflexion sur le sens de la vie,

 

"Un hiver sur le Nil" de Anthony Sattin – Editions Libretto, 2017

Hiver 1949, c'est un voyage sur le Nil du Caire à Abou Simbel auquel nous convie l’auteur à travers la correspondance croisée entre deux personnages qui vont devenir célèbres, Florence Nightingale, fille d’aristocrate anglais, pionnière des soins infirmiers modernes, et Gustave Flaubert, écrivain débutant. Ils ne se rencontrent pas mais effectuent le même voyage à la même époque. Chacun a puisé dans ce voyage des qualités qui vont les révéler à eux mêmes, un voyage sur plusieurs mois, très riche en découvertes dans une Egypte encore vierge de tourisme, authentique, deux cultures différentes, difficultés pour les femmes de visiter certains monuments. Les descriptions du vieux Caire aujourd’hui disparu sont passionnantes, c’est très intéressant culturellement. Florence est de confession unitarienne et fait des rapprochements entre les différents cultes de façon très pertinente, Gustave s’est attaché à décrire chaque détail. On découvre une Egypte envoûtante. C’est un livre paisible au fil de l’eau, un réel plaisir de lecture.

"Oyana" d’Eric Plamondon – Editions Quidam, 2019

A Montréal, la vie d’une femme, Oyana, bascule, un soir de mai 2018, quand elle entend une information à la radio. La dissolution de l’ETA la ramène un quart de siècle en arrière et fait s’écrouler le monde qu’elle avait construit. Une évidence s’impose à elle, elle doit rendre des comptes, rentrer en France, chez elle, au pays basque pour tenter de comprendre. Mais d’abord, elle doit s’expliquer, à travers une longue lettre à l’intention de son mari médecin avec lequel elle vit depuis 23 ans et qu’elle s’apprête à quitter.

Comme dans son précédent livre « Taqawan », l’auteur ne se contente pas de nous raconter une histoire, il ponctue son récit de faits documentaires, il nous plonge dans la réalité du nationalisme basque, terrorisme, engagement, valeurs, les liens entre le Québec et la France. Le récit, savamment orchestré, nous fait voyager entre présent et passé et nous emporte avec brio vers un dénouement inattendu. « C’est drôle de réaliser qu’au moment du départ , tant de choses auxquelles je croyais tenir m’apparaissent insignifiantes . Elles ne servaient qu'à maintenir le château de cartes de ma vie » .
« J'ai simplement besoin de t'écrire, d'écrire, de parler avec quelqu'un. Maintenant que je t'ai quitté, il ne reste plus que toi ».

Kallocaïne de Karin Boye – Editions Les Moutons Electriques

Roman dystopique écrit en 1940 par une poétesse suédoise traumatisée par la montée du nazisme en Allemagne. Elle décrit une société totalitaire, sans aucune liberté, un chimiste expérimente un sérum de vérité, la kallocaïne, qui offre à l’état le contrôle total de l’individu qui n’a plus aucune liberté, ni aucun jardin secret, on le prive de toute individualité, le système brise toute résistance. Mais tout système conçu comme infaillible a forcément un point faible. Quel sujet et quelle maîtrise du propos !

Dérangeant et éclairant. On ne peut qu’admirer la perspicacité de l’auteure qui s’est suicidée peu après la parution de l’ouvrage.

"Ustrinkata" de Arno Camenisch – Traduction de Camille Luscher - Editions Quidam,2020 -

Prix suisse de Littérature 2012. Un petit village de montagne. C’est le dernier soir à l’Helvezia. Le bistrot vient d’être racheté par des investisseurs. Ça boit beaucoup, ça fume tout autant. Les gens entrent et sortent. Les habitués, jeunes et vieux du village, se racontent des anecdotes qui parlent des vivants et des morts, les histoires anciennes côtoient l’actualité, souvenirs, drames, joies, tout le monde connaît ou découvre les secrets enfouis qui ressurgissent en même temps qu’on s’interroge sur le climat. On est en janvier, c’est le déluge, il pleut sans discontinuer alors qu’il devrait neiger.

"Le ballet des retardataires" de Maia Aboueleze – Editions Intervalles, 2019

Premier roman. Férue de taïko, ou art du tambour japonais traditionnel, l'héroïne, jeune Française sédentaire, domiciliée en Belgique, est la première Européenne à avoir été admise dans l'école la plus secrète et la plus fermée du Japon grâce à la bourse Vocatio. Les règles y sont absconses, personne n'y parle anglais et la discipline y est de fer. Roman initiatique teinté d'humour sur les changements personnels que provoque le choc des cultures. Petit livre concis très agréable à lire. L’auteur a su trouver les mots et le rythme pour nous faire mesurer avec humour les difficultés rencontrées face à la différence de culture, d’appréciation, de langue. Nous suffoquons de moiteur, Nous sentons, respirons le Japon grâce aux tremblements, aux vibrations du sol et des instruments.

"A crier dans les ruines" de Alexandra Koszelyk – Editions Aux Forges de Vulcain,2019

Premier roman. Nous sommes en Ukraine, deux adolescents amoureux, Léna et Ivan sont séparés à cause de l’explosion de la centrale de Tchernobyl. Léna, d’une famille plus aisée, peut s’enfuir en France avec sa famille, Ivan, lui, n’a d’autre choix que de rester.

Pour tous les deux, c’est un impossible oubli. Nous suivons ces deux personnages attachants, à travers les bouleversements de la grande Histoire, la catastrophe sans précédent, les milliers de vies sacrifiées, l’exil de la population basculant du jour au lendemain de la campagne à la ville, les villages désertés, la fuite vers un avenir ailleurs, le devenir de ceux qui sont restés sur place, la vie en Ukraine, la guerre froide, la chute du mur de Berlin, et 30 ans après, les visites touristiques organisées dans la zone contaminée de Pripiac.

Léna ne cesse de rechercher ce qu’elle a perdu, elle se passionne pour les vieilles pierres, les ruines, Herculanum, Pompëi. Yvan lui écrit de très belles lettres sans pouvoir les envoyer. Ni l’un, ni l’autre ne sait si l’autre a survécu et comment.

Pourront-ils, sauront-ils se rejoindre ?

L’écriture est belle, poétique, l’histoire émouvante et sensible. Un beau roman.

 

"Le prince de ce monde" d’Emmanuelle Pol – Editions Finitude, 2020

Paranoïa, délire, folie ou lucidité. Le livre est construit sur cette ambiguïté.

La narratrice est une femme mariée depuis 20 ans à un avocat médiocre, qui s’ennuie dans son couple et dans son travail. Ethnologue, mise au placard dans un musée poussiéreux, elle s’occupe de la section peu considérée des arts africains. Un jour, elle rencontre un homme étrange et fascinant qui pourrait être le diable, le mal incarné, mystérieux, attirant et destructeur, l’instigateur de tous les malheurs du monde, adversaire de l’Humanité.

Est-ce la réalité ou des manifestations d’une folie paranoïaque ? Une femme ordinaire tombée sous la coupe d’un pervers narcissique ou une femme malade mais lucide qui voit dans le climat social violent, les troubles, les émeutes, les migrations, les catastrophes qui s’enchaînent, les errements du monde contemporain, les signes de son effondrement ?

Une fable sombre et forte remarquablement bien construite et écrite.

"La dernière déclaration d’amour" de Dagur Hjartarson – Traduit de l'islandais par Jean-Christophe Salaün - Editions La Peuplade, 2019

Comment être original face à la banalité d’une histoire d’amour ? Un début, une fin, tout pourrait être morne et anecdotique mais ce ne serait pas islandais. Les Islandais savent écrire et nous surprennent toujours. Ils inventent un langage poétique, de ces phrases enchanteresses, de ces tournures inattendues, inédites qui sont d’une redoutable efficacité. On est saisi par la fantaisie et l’émotion des images.

Plutôt qu’écrire dans ce beau roman ce qu’aurait pu devenir sa vie, il ferait mieux d’assister à ses cours à l’université. Mais qu’advient-il justement de ce jeune homme rêveur et éperdument amoureux à l’aube d’une crise économique majeure quand, d’un côté, son meilleur ami Trausti l’embrigade dans sa grande mission révolutionnaire et, de l’autre, sa petite amie Kristín admire la chevelure ondulée du directeur de la banque centrale islandaise ? Pendant que les glaciers continuent de fondre – la situation à Reykjavík n’est pas meilleure qu’ailleurs –, l’étudiant au bonheur fugace se noie dans l’amour. Les ours polaires se perdent en ville et le néolibéralisme éloigne les amants.

Dans "La dernière déclaration d’amour", il se pourrait qu’on ne se remette jamais de sa première déclaration d’amour. Ce roman drolatique et sombre contient ce que nous ne confions qu’à la nuit.

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Groupe Colette Lagier

 

"Tous tes enfants dispersés" de Beata Umubyeyi Mairesse –– Autrement, 2019

Blanche, qui a fui le Rwanda en 1994 après le génocide des Tutsi, a construit sa vie en France et fondé une famille. Lorsqu’elle retourne au pays voir sa mère et son demi-frère, elle se replonge dans un douloureux passé, celui des siens déchirés et de son pays meurtri. Les relations sont tendues avec sa génitrice qui lui a caché ses origines et l’a poussée à fuir, la sauvant du massacre.

Une belle histoire de réconciliation avec les racines, de rapprochement mère-fille. L’auteur évoque avec une grande sensibilité la difficile identité des métis, les sentiments confus liés à une double appartenance et l’importance de la langue maternelle. Un livre empreint de douceur et de poésie, qui effleure l’indicible pour en tirer une leçon d’amour. L’écriture imagée nous transporte vers un pays beaucoup plus complexe et attachant que les unes des médias rapportant la guerre civile nous ont laissé voir.

"Trois jours à Berlin" de Christine de Mazières – Sabine Wespieser, 2019

La chute du mur comme vous ne l’avez jamais vue : loin des images passées en boucle sur les médias, on plonge dans les dessous de l’histoire : une erreur de communication, le porte parole du Parti répondant « dès maintenant » à la question d’un journaliste sur la date de l’ouverture de la frontière. Contre toute attente, les berlinois se sont immédiatement rendus aux postes frontière, plaçant dans l’embarras des soldats qui attendaient sans succès des instructions de la Stasi…injoignable.

L’auteur donne la parole à plusieurs personnes confrontées à l’évènement, dont Anna une française refoulée au check point qui se réfugie dans un cinéma programmant « les ailes du désir » et remonte, en sortant de la salle, un flot d’allemands en liesse, accompagné de Cassiel, l’ange des larmes de Wim Wenders.

Roman choral et sensible qui réunit le fils d’un dirigeant communiste, un apprenti cinéaste, des apparatchiks …L’auteur nous délivre une magnifique leçon d’histoire vécue et un bel espoir de fraternité.

"Née contente à Oraibi" de Bérengère Cournut – Le Tripode, 2019

Un portrait du peuple amérindien Hopi qui vit depuis toujours sur les mesas, ces plateaux arides de l’Arizona, loin de toute civilisation industrielle. La première moitié du livre décrit avec forces exemples, anecdotes, légendes, l’histoire et les croyances de ces habitants de ce désert brûlé de soleil l’été mais glacé l’hiver. Ils ont développé une civilisation originale, la survie est assurée par une solidarité des clans, familles tentaculaires aux noms d’animaux : papillon, ours ou serpent, une organisation où chacun trouve son rôle utile à la communauté. La place du religieux, fêtes et rites ancestraux liés aux saisons, est prépondérante, une place de choix est accordée aux Esprits, aux animaux et au rêve.

Le livre devient fiction lorsque l’auteur se focalise sur l’histoire de Tayatitaawa, « celle-qui-salue-le-Soleil-en-riant », nom « choisi » par le bébé dès sa naissance. Depuis son enfance au côté d’un père aimant trop tôt disparu, on suit sa quête d’adolescente pour devenir autonome, en passant par le Monde d’En bas, celui des Morts. Un grand récit de libération dans un milieu plutôt conservateur. Onirique, poétique, imagée, le voyage de la petite indienne nous enchante dans un dépaysement total, hypnotique.

"La Possibilité du jour" de Emilie Houssa – L’Observatoire, 2020

Une vie de femme qui traverse la deuxième moitié du XXème siècle portée par la lutte du sexe « faible » pour son émancipation. Aurore, jeune niçoise, étouffe dans l’univers conformiste de la bourgeoisie de son époque. En 1947, elle décide de rejoindre un GI rencontré lors de la Libération pour enfin vivre pleinement dans ce « nouveau monde » ouvert à toutes les promesses. Son parcours sera semé d’embûches.

Ce qui est intéressant, c’est que l’auteur n’a pas choisi de décrire un combat féministe sur le plan des idées mais de raconter la vie quotidienne, triviale, d’une femme qui se confronte à la réalité, se bat pour y échapper, tente le tout pour le tout afin de prendre le contrôle de sa vie et se libérer des carcans qui l’enserrent. Cette lutte est vécue dans ce qu’il a de plus intime, charnel, le corps prenant parfois les commandes pour diriger les actes.

L’écriture se caractérise par un grand souci de précision, de recherche des mots les plus justes pour décrire le ressenti d’Aurore qu’elle-même ne parvient pas à communiquer .

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