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Dans la misère de l’Espagne du début du XXème siècle, Léa se bat avec les dures réalités : sa mère morte en couches, enceinte du curé dont elle était la bonne, l’orphelinat, le placement dans une famille d’accueil où dès 4 ans, elle ramasse les oranges, son refus d’apprendre à lire, puis le couvent où sa résistance à l’autorité entraîne des sévices, enfin la place de servante dans une riche famille de Valence. Rêvant de posséder enfin une terre à elle, elle va s’exiler après maintes grossesses (3 fils et 2 filles) avec son mari, le Rogt, dans les vignes du midi de la France désertées par les bras des soldats partis en 1914.
Mais, la pauvreté la conduit à retourner en Espagne sur une hypothétique terre léguée à son mari. Nous sommes en 1936 et la guerre civile éclate, jetant les hommes de la famille, communistes ou anarchistes de naissance, dans la bagarre au péril de leurs vies. La victoire de Franco transforme le pays en une immense geôle, où le simple fait de s’opposer provoque la mort. Léa et sa fille sont emprisonnées, soumises à la brutalité du camp puis fuient à travers les Pyrénées pour un nouvel exil. Mais la misère continue à Paris pour cette famille qui s’entasse avec d’autres migrants dans des taudis, gagnant difficilement de quoi se nourrir.
On suit avec intérêt les tourments de cette famille admirable, courageuse, unie dans le malheur mais divisée par des querelles intestines, dans sa confrontation à la misère, la violence et l’exil. De terribles secrets vont être dévoilés mais le suspense tient en haleine tout au long du récit.
Un style magnifique avec de grandes envolées hispanisantes, dont le souffle puissant est un hommage au courage de ces femmes et de leur volonté de survivre en toutes circonstances.
La toile de fond historique sur la guerre d’Espagne n’est que le prétexte à l’aventure des hommes et femmes pris dans la tourmente, dont les conséquences nuisent à leurs amours, pèsent sur leurs espoirs d’une vie meilleure. Quelques remarques politiques pertinentes cependant sur la pagaille entre les républicains, le fanatisme des franquistes à détruire leur pays, la lâcheté des puissances alliées et le rôle trouble de l’Eglise.
(Présentation : Colette Lagier)
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