Ecrivain américain sexagénaire, ayant connu la notoriété mais en panne d’inspiration
depuis un certain nombre d’années déjà, le narrateur est un homme en plein
désarroi existentiel. Lors du décès de sa mère, il est amené à vider l’appartement
new-yorkais où vivait cette dernière. Or, si on peut se débarrasser d’affaires, on ne
se débarrasse pas facilement du passé et des non-dits.
Une photo est retrouvée par hasard qui provoque l’émotion et éveille la curiosité du
narrateur.
La narration alterne alors entre Boston, New-york et Paris, entre présent et passé ,
pour évoquer le déficit affectif d'une enfance rude et solitaire, auprès d’un grand-
père émigré juif d’Europe centrale, devenu riche en self made man, exigeant et
austère, et une mère absente, mystérieuse et instable, intellectuelle anticonformiste
en conflit avec sa famille et préoccupée essentiellement par sa carrière dans le
journalisme.
« C’est en allant à l’école que j’ai réellement pris conscience que quelque chose
clochait chez nous. C’était tellement évident : ne serait-ce que la façon dont mes
camarades et leurs parents interagissaient entre eux à la sortie des classes. Des
gestes, des mots, des expressions qui exprimaient sinon l’amour du moins
l’affection. Chez nous, outre une gravité constante que rien, pas même unévènement heureux comme un anniversaire ne semblait pouvoir alléger, il y avait
cette colère sourde qui régnait en permanence. Cette colère, je l’ai compris des
années plus tard, était la résonance la plus discernable d’un passé tu. »
A l’origine du déséquilibre affectif du narrateur il y a une mémoire familiale lacunaire,
mais aussi un mystère concernant son père biologique.
« Quant au sujet de mon père, prenant acte du refus de ma mère de répondre à mes
questions et constatant l’abattement que provoquaient chez elle chacune de mes
tentatives, j’ai cherché des réponses ailleurs. En vain. Rose ne l’avait pas connu et
ne savait rien de lui tandis que mon grand-père m’avait avoué ne jamais l’avoir
rencontré avant de m’exhorter à « ne pas enquiquiner ma mère avec ça ».
Sur le tard, à l’âge mûr, le narrateur entreprend une enquête sur le passé qui, au fil
des pages, introduit un léger suspens. Cette quête de la filiation, au-delà du secret
et des conflits, l’amènera au plus près d’une vérité.
Nous avons particulièrement apprécié :
La sobriété et la justesse dans l’expression des émotions.
L’équilibre dans le rythme narratif et dans la phrase assez élégante de style
classique.
L’atmosphère restituée des années soixante.
Pablo Mehler est né aux Etats-Unis de parents argentins et a passé la majeure
partie de sa vie en France.
« Un degré de séparation » est son premier roman.
(Présentation : Tiziana Champey)