Gap -  Hautes-Alpes

Un degré de séparation

Pablo Mehler

Ed. Liana Levi, 2024

 











 

 


Ecrivain américain sexagénaire, ayant connu la notoriété mais en panne d’inspiration depuis un certain nombre d’années déjà, le narrateur est un homme en plein désarroi existentiel. Lors du décès de sa mère, il est amené à vider l’appartement new-yorkais où vivait cette dernière. Or, si on peut se débarrasser d’affaires, on ne se débarrasse pas facilement du passé et des non-dits.
Une photo est retrouvée par hasard qui provoque l’émotion et éveille la curiosité du narrateur.
La narration alterne alors entre Boston, New-york et Paris, entre présent et passé , pour évoquer le déficit affectif d'une enfance rude et solitaire, auprès d’un grand- père émigré juif d’Europe centrale, devenu riche en self made man, exigeant et austère, et une mère absente, mystérieuse et instable, intellectuelle anticonformiste en conflit avec sa famille et préoccupée essentiellement par sa carrière dans le journalisme.
« C’est en allant à l’école que j’ai réellement pris conscience que quelque chose clochait chez nous. C’était tellement évident : ne serait-ce que la façon dont mes camarades et leurs parents interagissaient entre eux à la sortie des classes. Des gestes, des mots, des expressions qui exprimaient sinon l’amour du moins l’affection. Chez nous, outre une gravité constante que rien, pas même unévènement heureux comme un anniversaire ne semblait pouvoir alléger, il y avait cette colère sourde qui régnait en permanence. Cette colère, je l’ai compris des
années plus tard, était la résonance la plus discernable d’un passé tu. »


A l’origine du déséquilibre affectif du narrateur il y a une mémoire familiale lacunaire, mais aussi un mystère concernant son père biologique.
« Quant au sujet de mon père, prenant acte du refus de ma mère de répondre à mes questions et constatant l’abattement que provoquaient chez elle chacune de mes tentatives, j’ai cherché des réponses ailleurs. En vain. Rose ne l’avait pas connu et ne savait rien de lui tandis que mon grand-père m’avait avoué ne jamais l’avoir rencontré avant de m’exhorter à « ne pas enquiquiner ma mère avec ça ».
Sur le tard, à l’âge mûr, le narrateur entreprend une enquête sur le passé qui, au fil des pages, introduit un léger suspens. Cette quête de la filiation, au-delà du secret et des conflits, l’amènera au plus près d’une vérité.

Nous avons particulièrement apprécié :
La sobriété et la justesse dans l’expression des émotions.
L’équilibre dans le rythme narratif et dans la phrase assez élégante de style classique.
L’atmosphère restituée des années soixante.
Pablo Mehler est né aux Etats-Unis de parents argentins et a passé la majeure partie de sa vie en France.
« Un degré de séparation » est son premier roman.

(Présentation : Tiziana Champey)