Gap -  Hautes-Alpes

A l'ombre des loups
Alvydas Slepikas

Traduit du lituanien par
Marija-Elena Baceviciute Flammarion 2020

 

- Accueil

- Qui sommes-nous ?

- Livres nomades 2023_2024 :

    Presentation de l'action
    Choix des livres nomades
    Les lieux relais

- Livres nomades :
      (années précédentes)


   2023_2024
   2022_2023
   2021_2022
   2020_2021
   2019_2020
   2018_2019
   2017_2018
   2016_2017
   2015_2016
   2014_2015
   2013_2014
   2012_2013
   2011_2012
   2010_2011
   2009_2010
   2008_2009

- Autres livres autour du theme choisi :

    Les livres nomades passent à l'Est
    Le roman, écho de notre temps
    Petites maisons d'édition
    Terres d'Afrique
    Des histoires de grands espaces
    L'art dans le roman
    Chemins d'exil


- Rencontres littéraires :

     Dima Abdallah
     Fanny Saintenoy
     Giosue Calaciura
     Laurent Petitmangin
     Yamen Manaï
     Céline Righi
     Andreï Kourkov
     Hadrien Klent
     Serge Joncour
     Sorj Chalandon
     Clara Arnaud
     M. de Kerangal et S. Prudhomme
     Luc Bronner
     Mohamed Mbougar Sarr
     Abdourahman Ali Waberi
     Catherine Gucher
     Guillaume Jan
     Jean Hegland
     Pierre Benghozi
     Jean-Baptiste Andrea
     David Vann
     Joseph Boyden
     Guy Boley
     Franck Pavloff
     Michel Moutot
     Nicolas Cavaillès
     Sandrine Collette
     Slobodan Despot
     Gauz
     Pierre Lieutaghi
     Kaoutar Harchi
     Sylvain Prudhomme
     Olivier Truc
     Maylis de Kerangal
     Antonio Altarriba et Kim
     Makenzy Orcel
     Metin Arditi
     Dinaw Mengestu
     Gilles Leroy
     Denis Grozdanovitch
     Alice Zeniter
     Serge Joncour
     Liliana Lazar
     Joel Egloff
     Christophe Bigot
     Boualem Sansal
     René Fregni
     Jean Pierre Petit
     Hubert Mingarelli
     André Bucher
     Beatrice Monroy
     Samuel Millogo
     Alfred Dogbé
     Ghislaine Drahy
     Autour d'Isabelle Eberhardt
     Hélène Melat, littérature russee

- Des coups de coeur :

   La Liste

- Lecture à haute voix :

    2023_2024
    2022_2023
    2021_2022
    2020_2021

- Lectures partagées à Gap :

    2023_2024
    2022_2023
    2021_2022
    2020_2021
    2019_2020
    2018_2019
    2017_2018
    2016_2017
    2015_2016
    2014_2015

- Lectures partagées au Pays des Ecrins:

    2022_2023
    2021_2022
    2019_2020
    2018_2019
    2017_2018
    2016_2017

- Pérégrinations littéraires :

    2023_2024
    2022_2023
    2021_2022
    2020_2021
    2019_2020
    2018_2019
    2017_2018
    2016_2017
    2015_2016

- Emission-radio sur la ram et rcf :

    2023_2024

- Echappées livres (archives) :

    2019_2020
    2018_2019
    2017_2018
    2016_2017
    2015_2016

- Emission-radio sur Fréquence Mistral (archives)

    2022_2023
    2021_2022
    2020_2021
    2019_2020
    2018_2019-

- Contact

- Bulletin d'adhésion

 

L’auteur s’est inspiré de témoignages de personnes qui, enfants à l’époque de la seconde guerre mondiale, habitaient en Prusse-Orientale. Ces récits de survivants lui ont permis de transcrire dans ce premier roman la terrible expérience de vie de ceux que l’histoire désignera par le mot de «wolfskinder», les «enfants-loups».

Nous sommes en 1946. L’armée soviétique avance en territoire allemand, cet«antre fasciste» où vit une population qu’il faut écraser, dépouiller de ses biens, punir. Dans ces campagnes, villes et villages, il ne reste pourtant que des femmes, des enfants , des vieillards, car les pères et les maris ont disparu : morts ou engagés dans les derniers combats de la Wehrmacht. Les premières pages sont déchirantes où on lit comme une litanie les malheurs de la Prusse de l’immédiat après-guerre et on trouve dans ce roman bien des passages poignants qui nous obligent, nous lecteurs, à regarder la guerre en face.

On suit le triste quotidien d’une famille : les russes ont confisqué leur maison et c’est dans une remise au fond du jardin que doivent vivre Eva et ses enfants , Heinz, Monika, Renate, Brigitte, Helmut, et sa belle-soeur Lotte. Malgré le froid, les violences, les blessures et la faim, leur courage et leur volonté de survivre, leur aptitude au sacrifice sont déterminants... Trouver de quoi se nourrir et nourrir les enfants : c’est l’essentiel. Une seule solution pour cela , tromper la vigilance des soldats pour passer la frontière, aller en Lituanie, se cacher dans la forêt, quémander un travail quelconque en échange d’un morceau de pain ou de lard à ramener plus tard à la maison pour les frères et soeurs qui attendent avec espoir le retour de «l’enfant loup», le plus grand, le plus apte à surmonter l’épreuve.

« A l’ombre des loups» relate un épisode bien sombre de l’Histoire mais c’est aussi une histoire d’entraide et d’humanité. Dans une série de tableaux on suit les divers chemins des membres de la famille. Leurs destins finiront par se séparer, comme ce fut le cas de nombre de ces «enfants-loups» qui ne retrouvèrent jamais leur famille.

(Présentation : Tiziana Champey)

EXTRAIT P. 94-95 «A l’ombre des loups»
Eva demande aux plus jeunes des ses enfants d’être attentifs, d’être capables de se souvenir d’où ils viennent et de qui ils sont.

Elle leur dit : «Où que vous finissiez, même si je ne suis plus avec vous , souvenez-vous.» Et les enfants comprennent qu’il est important , très important de se souvenir de qui on est et d’où l’on vient.
«Répète-le, ma douce, répète-le et souviens-toi bien.
- Je m’appelle Monika Schukat, née à Gumbinnen le 9 mars 1936, fille d’Eva et de Rudolph.
- N’oublie pas les prénoms de tes frères et de tes soeurs.
- Je suis la fille d’Eva et de Rudolph. J’ai deux frères. Mon petit frère s’appelle Helmut et mon grand-frère Heinz. J’ai aussi deux soeurs, Brigitte et Renate.
- Quelle est ta nationalité ...
- Je suis allemande
- Maintenant, aux autres. A vous de dire qui vous êtes. Dites-le et souvenez-vous-en, quoi qu’il arrive. Vas-y, ma petite Renate, à toi.
- Je m’appelle Renate Schukat, née à Gumbinnen le 1er avril 1939, fille d’Eva et de Rudolph ...
- Helmut Schukat, né ... né ...» Il n’arrive plus à se rappeler et baisse honteusement la tête.
- Eva répète avec patience : «... né à Gumbinnen le 13 octobre 1940, fils d’Eva et de Rudolph ... Ensemble maintenant.»

Ils reprennent en choeur : «Helmut Schukat, né à Gumbinnene le 13 octobre 1940, fils d’Eva et de Rudolph. J’ai un frère qui s’appelle Heinz et trois soeurs : Brigitte, Renate et Monika.»
«Et je suis allemand», rajoute fièrement Helmut.

Des larmes apparaissent dans les yeux de sa mère.
«Pourquoi tu pleures, maman ...
- Essayez de ne pas vous vanter d’être allemands. Seulement, ne l’oubliez pas .»