La petite fille. Tout est dans le trait d’union. J’étais tombée dans le panneau. Je n’avais pas eu envie de lire un roman sur une petite fille. Mais la Petite-Fille ça change tout (c’est une parenthèse).
Le livre est construit en trois parties : La première s’ouvre sur la mort (suicide ?) dans sa baignoire de Birgit et relate la vie d’une Allemande de l’Est (une Ossie) dans les années soixante, qui, par amour et grâce à l’amour de Kaspar a pu être infiltrée en Allemagne de l’Ouest. On a donc un aperçu de la vie à l’Est mais aussi on prend conscience de la fameuse nostalgie et du profond désarroi de ces transfuges. J’ai beaucoup aimé cette partie, et je me suis dit qu’on avait bien oublié cette période. On apprend aussi que Birgit, juste avant de rencontrer Kaspar était tombé enceinte d’un homme qui l’a laissée et qu’elle avait abandonné sa petite fille à la naissance. C’est cet acte qu’elle n’a jamais oublié et qui la torture. Elle n’en a jamais parlé à personne. Kaspar l’ignore complètement. Ce rapport Mère-Fille (hélas avorté) est une problématique qui m’intéresse.
La seconde partie se passe après la chute du mur, dans les années 90 donc. Kaspar vient de trouver sa femme dans la baignoire. Pour essayer de comprendre sa mort, il lit ses carnets, découvre l’existence de cette fille et se met en quête de la rechercher. C’est compliqué, mais il y arrive. Il apprend que cette fille est passée par un drôle de chemin, un peu skinhead, droguée, tatouée, mais finalement assagie, mariée et mère d’une adolescente. Le couple vit dans un village de nationalistes et c’est la description de ce milieu de l’extrême droite, où règnent complotistes, antisémites,antimusulmans en passant par Deutschland über Alles qui est décrit longuement. Ça fait peur . Kaspar s’attache à la jeune adolescente, Sigrun, qu’il considère comme sa petite-fille mais qui a évidemment les mêmes valeurs que ses parents. J’avoue que cette relation est truffée d’invraisemblances et ça m’a un peu gênée.
La troisième partie est la plus brève. Sigrun a vieilli. Elle s’est acoquinée avec un groupe de jeunes terroristes. Elle décide de fuir. Kaspar ne la verra plus. Cette partie est un peu rapide.
En résumé, j’ai bien aimé la dimension historique ainsi que la douce relation improbable entre ce faux grand-père et cette gamine si différente. J’ai moins aimé le portrait de cette Sigrun (la petite-fille) l’abondance des poèmes et l’accumulation des morceaux de musique, sans parler du talent extraordinaire de Sigrun au piano qui passe en quelques mois de néophyte à virtuose.
(Présentation : Marie Claeren)