Gap -  Hautes-Alpes

Les bisons du coeur brisé

Dan O'Brien

Ed. Diable Vauvert, 2007

 

- Accueil

- Qui sommes-nous ?

- Livres nomades 2023_2024 :

    Presentation de l'action
    Choix des livres nomades
    Les lieux relais

- Livres nomades :
      (années précédentes)


   2023_2024
   2022_2023
   2021_2022
   2020_2021
   2019_2020
   2018_2019
   2017_2018
   2016_2017
   2015_2016
   2014_2015
   2013_2014
   2012_2013
   2011_2012
   2010_2011
   2009_2010
   2008_2009

- Autres livres autour du theme choisi :

    Les livres nomades passent à l'Est
    Le roman, écho de notre temps
    Petites maisons d'édition
    Terres d'Afrique
    Des histoires de grands espaces
    L'art dans le roman
    Chemins d'exil


- Rencontres littéraires :

     Dima Abdallah
     Fanny Saintenoy
     Giosue Calaciura
     Laurent Petitmangin
     Yamen Manaï
     Céline Righi
     Andreï Kourkov
     Hadrien Klent
     Serge Joncour
     Sorj Chalandon
     Clara Arnaud
     M. de Kerangal et S. Prudhomme
     Luc Bronner
     Mohamed Mbougar Sarr
     Abdourahman Ali Waberi
     Catherine Gucher
     Guillaume Jan
     Jean Hegland
     Pierre Benghozi
     Jean-Baptiste Andrea
     David Vann
     Joseph Boyden
     Guy Boley
     Franck Pavloff
     Michel Moutot
     Nicolas Cavaillès
     Sandrine Collette
     Slobodan Despot
     Gauz
     Pierre Lieutaghi
     Kaoutar Harchi
     Sylvain Prudhomme
     Olivier Truc
     Maylis de Kerangal
     Antonio Altarriba et Kim
     Makenzy Orcel
     Metin Arditi
     Dinaw Mengestu
     Gilles Leroy
     Denis Grozdanovitch
     Alice Zeniter
     Serge Joncour
     Liliana Lazar
     Joel Egloff
     Christophe Bigot
     Boualem Sansal
     René Fregni
     Jean Pierre Petit
     Hubert Mingarelli
     André Bucher
     Beatrice Monroy
     Samuel Millogo
     Alfred Dogbé
     Ghislaine Drahy
     Autour d'Isabelle Eberhardt
     Hélène Melat, littérature russee

- Des coups de coeur :

   La Liste

- Lecture à haute voix :

    2023_2024
    2022_2023
    2021_2022
    2020_2021

- Lectures partagées à Gap :

    2023_2024
    2022_2023
    2021_2022
    2020_2021
    2019_2020
    2018_2019
    2017_2018
    2016_2017
    2015_2016
    2014_2015

- Lectures partagées au Pays des Ecrins:

    2022_2023
    2021_2022
    2019_2020
    2018_2019
    2017_2018
    2016_2017

- Pérégrinations littéraires :

    2023_2024
    2022_2023
    2021_2022
    2020_2021
    2019_2020
    2018_2019
    2017_2018
    2016_2017
    2015_2016

- Emission-radio sur la ram et rcf :

    2023_2024

- Echappées livres (archives) :

    2019_2020
    2018_2019
    2017_2018
    2016_2017
    2015_2016

- Emission-radio sur Fréquence Mistral (archives)

    2022_2023
    2021_2022
    2020_2021
    2019_2020
    2018_2019-

- Contact

- Bulletin d'adhésion

 

Dan O'Brien, éleveur et romancier, s'est installé dans le Dakota en 1970, dans le ranch de Broken Heart, au pied des Black Hills, dans les Grandes Plaines de l'Ouest américain. Il a d'abord oeuvré à la réintroduction du faucon-pèlerin. Dans son essai "Rites d'automne", il raconte comment il accompagnait la migration des faucons de la frontière canadienne au Golfe du Mexique.

D'abord éleveur de bovins, il est ruiné par les emprunts auxquels il ne peut faire face. Les plaines où paissent ses vaches sont arides et rendues quasiment stériles par l'élevage et l'agriculture intensifs des bovins. C'est dans ces plaines que paissaient les bisons massacrés au XIXe siècle pour affamer et anéantir les Indiens qui vivaient dans ces grandes plaines de l'élevage du bison.

Et un jour une rencontre bien particulière va changer sa vie :
Une fin d'après-midi de septembre, il y a une douzaine d'années, mon pick-up m'a mené sur un chemin de terre isolé qui longeait la limite sud du parc national des Badlands. Je pensais aux traites qu'il me faudrait rembourser en octobre et à la chute récente et inexplicable du prix de la viande qui allait réduire mes revenus de moitié. Je roulais trop vite et en débouchant sur un talus poussiéreux, j'ai failli m'encastrer dans un énorme bison.
Voluptueusement allongé au milieu du chemin, il était étendu au soleil comme un gros matou d'une tonne. Mis à part une baleine aperçue un jour, c'était la créature la plus grosse que j'avais jamais vue. J'ai freiné mais j'étais beaucoup trop près et, comme je me démenais pour passer la marche arrière, il a relevé la tête et m'a regardé droit dans les yeux. J'étais suffisamment près pour voir le pare-chocs du pick-up se refléter dans ses sombres yeux ronds surmontés d'une touffe de poils noirs et frisés. Sa tête était aussi grosse qu'une machine à laver.
J'ai réussi à passer la marche arrière mais, tel l'invité piégé par le regard du vieux marin dans le poème de Coleridge, j'étais pétrifié. Nous nous sommes observés pendant presque une minute, et pendant une minute, tous mes soucis professionnels ont été éclipsés par cette montagne vivante allongée devant moi. Je me suis concentré sur ses cils, longs et expressifs, alors qu'il chassait un papillon jaune d'un battement de paupière. Tranquillement, la tête s'est baissée et les pattes se sont dépliées sous l'imposant animal. La courte queue en pinceau a fouetté la poussière et le bison s'est balancé une première fois, puis une seconde, et s'est mis sur ses pattes. Il s'est ébroué comme un chien et un nuage de poussière du Dakota du Sud s'est élevé autour de lui, flottant dans la brise fraîche du soir. Puis il a levé le minuscule sabot noir de sa patte arrière gauche, il a tendu la tête et, de son sabot, pareil à une ballerine, s'est gratté le cou au niveau de sa longue barbiche laineuse. Il m'a jeté un dernier regard avant de quitter le chemin pour disparaître dans une ravine... 

Dan O'Brien est persuadé que l'homme blanc, en éliminant les bisons, a fait sauter une marche à l'évolution et a détruit l'écosystème. Il va lancer un défi en redonnant à  la nature tous ses droits et c'est la réintroduction du bison qui va le permettre. Il va peu à peu échanger son troupeau de vaches contre un troupeau de bisons, persuadé que le bison est le chaînon manquant de l'écosystème et qu'il va ramener la vie dans les plaines de son ranch. Mais pour cela il doit laisser son troupeau de bisons vivre quasiment à l'état sauvage. Il refuse d'élever ses bisons comme on le fait dans des enclos d'engraissement.

Et on assiste à la résurrection des grandes plaines : l'herbe repousse, les paysages sont plus beaux, plus riches, la terre revit, des espèces animales disparues reviennent retrouvant là un habitat naturel qui leur convient...
" Les bisons étaient là depuis un été et déjà on remarquait que les arbustes poussaient touffus comme jamais, que la population des tétras et des oiseaux chanteurs augmentait. Les bisons refusaient aussi de piétiner au bord des points d'eau, comme le font régulièrement les vaches. L'herbe autour des étangs était abondante et propre. L'eau n'était pas souillée par les déjections animales. Les étangs étaient devenus des habitats plus propices pour les autres animaux....
Au début de ce premier hiver, j'en suis venu à croire que les bisons étaient bien plus qu'un maillon manquant à la santé des plaines. je me demandais si je n'étais pas tombé sur le seul et unique maillon manquant, dont l'absence crée l'accroc qui menace de détisser toute la tapisserie ...

Un très bel hymne à la nature . Quand Dan O'Brien affirme que "L'avenir de l'homme est dans le monde sauvage" , il rappelle à l'homme que , s'il veut sauver la planète, il doit respecter la nature et la vie sauvage.

(Présentation : Anne-Marie Smith)